Quand la peur envahit
Plutôt que d’aller marcher dans les rues du quartier – ce qui ne m’intéresse pas du tout, je préfère de loin marcher dans la nature -, j’ai décidé d’aller faire quelques courses dans un grand magasin. Le but (ou l’excuse, devrais-je plutôt dire car je n’avais pas vraiment besoin de quelque chose) était de trouver des boutons pour deux petites vestes que j’ai tricotées pour Mila et trouver d’autres pelotes de laine.
Le parking était au 2/3 plein. Pour arriver à l’entrée, les gens circulaient dans cinq rangées. J’avais fait demi-tour à deux rangées, la dernière fois, mais là, je me suis dit que ça allait me faire prendre l’air et me tenir debout à défaut d’être assise.
J’ai attendu debout, dehors, dans le vent frais du printemps pas encore arrivé au Québec, emmitouflée dans mon écharpe et mon capuchon, pendant 25 minutes.
Je ne les ai pas vraiment vu passer, ces minutes, sans pour autant être sur mon mobile. Même pas. Les mains dans les poches et les pensées à la méditation et à l’observation. Tout le monde était bien patient.
Électricité
Une fois arrivée dans le magasin, je suis allée au coin des boutons et de la laine. J’y étais seule. Je prenais mon temps pour choisir quand j’ai senti, subitement, mes intestins se tortiller en un début de colique. Je connais assez bien ce genre de sensation mais d’habitude, elle arrive environ trente minutes après avoir mangé trop gras. Il est presque 16h et j’ai diné à 12h30. Je ne comprends pas.
Je prends le temps de m’arrêter, les pelotes dans les mains, et de me connecter à mon bas-ventre pour voir ce qui s’y passe. Je me rends alors compte que je me sens comme une pile électrique à haut voltage. Je ne m’en étais pas rendue compte du tout, occupée à faire mes courses.
Je me demande si, quand je venais en « temps normal » dans ce magasin, je ressentais aussi cette électricité vive. La réponse est non.
Je lève la tête, regarde et sens autour de moi tout en me posant la question de savoir pourquoi je suis dans cet état, ce que je ne ressens pas du tout quand je suis chez moi.
La réponse monte alors instantanément : mes intestins sentent et réagissent à la peur et au stress. Une partie de ces sensations ne m’appartiennent cependant pas car je ne suis pas dans la crainte de la maladie comme la plupart des gens qui sont présents dans ce magasin et qui croient aux annonces affolantes des médias concernant le virus.
Cette énergie habite le magasin et je ne me suis pas protégée avant d’y entrer. J’oublie souvent de le faire et comme je suis une hyper-hyper-sensible, mon système fait l’éponge si je ne me blinde pas énergétiquement.
J’ai le choix : courir aux toilettes pour libérer la diarrhée en création ou respirer et tenter de calmer le tout, ce que je choisis de faire. Je calme alors l’énergie qui m’habite et tente de m’en dissocier le plus possible mais elle est très forte. Je respire, me parle et parle à mes intestins. Je ne veux pas avoir à aller aux toilettes dans ce magasin.
Tout se calme en 2-3 minutes. Je n’ai plus besoin de courir aux toilettes. Je termine mes courses, paie et rentre à la maison pour aller évacuer ce qui s’est effectivement transformé en diarrhée mais dont j’ai pu contrôler le moment de sortie. Ouffff….
Je suis restée hallucinée, c’est le mot, par la dose d’énergie électrique que j’ai ressentie au magasin. C’était… électrifiant !
La vraie cause des peurs
Je sors le moins possible de chez moi depuis mon retour au Québec le 24 mars. Je me suis rendue compte que le virus ne me fait pas peur mais les réactions des gens, par contre, me stressent. Je déteste les confrontations et les pétages de coches là où on pourrait rester calme.
Ayant grandi dans la violence, je sens que mes craintes viennent de loin, très loin. Petite, je manquais parfois un repas à cause d’un « mal de ventre », les intestins noués par la peur de mon beau-père présent.
Malgré toutes les thérapies que j’ai faites, la peur de la violence est encore présente, réanimée par la crainte de voir des gens apeurés par le virus – par la mort, en fait, disons-le – devenir agressifs voire violents. Je l’ai réalisé il y a environ deux semaines.
Ce confinement m’offre les expériences (dans les sorties) et me donne le temps d’en prendre soin (confinée) afin que je puisse à nouveau sortir les intestins en paix.
Notre peur nous appartient. Le virus n’en est que le déclencheur 😉
Il se peut fort bien que les vraies peurs sous-jacentes n’aient rien à voir avec la bibitte* !
Et vous, de quoi avez-vous réellement peur dans la situation que nous vivons ?
L’espace commentaires ci-dessous vous est ouvert à l’expression, si vous en avez envie.
PS : merci de laisser vos commentaires ci-dessous plutôt que dans Facebook ou autre réseau afin qu’ils restent avec l’article.
De tout coeur
Dominique
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* bibitte, en québécois : insecte, petit animal, bactérie, etc.
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10 Comments
ROY Genevieve
Bonjour Dominique,
Je vous lit depuis de nombreuses années sans vous avoir jamais laissé de commentaire.
Gratitude pour vos pensées et paroles partagés.
Depuis ce confinement, beaucoup de prises de conscience.
Quand j’ai des problèmes d intestins, je cherchais la cause dans ce que j’avais mangé…!
Merci de tout cœur ???? chère compatriote ????????Je suis du Jura Suisse et j’habite en Bretagne.
Amicalement. Genevieve.
bonjourdo@gmail.com
Merci beaucoup Geneviève,
Vos mots me touchent beaucoup et je vous en remercie. Je suis toujours heureuse d’avoir un petit message de mes lecteurs.
Vous allez peut-être trouver d’autres causes à vos maux de ventre parfois maintenant ;-))
Au plaisir et prenez soin de vous !
De tout coeur
Jerez Isabelle
Bonjour Dominique,
Il m’est arrivé quelque-chose de semblable la dernière fois que je suis allée à la pharmacie. Je me suis senti oppressée, des bouffée de chaleur, un mal-être et je n’avais pas réalisé de suite que c’était l’angoisse et la peur des gens que je ressentais et qui ne m’appartenait pas…
Merci, très belle journée à toi !
bonjourdo@gmail.com
Merci Isabelle :-))
nathalie Delanoë
Bonjour Do,
je suis toujours heureuse de te lire. les mots que tu écris :on sent que ça vient du cœur.
pour ma part ce texte m’a renvoyé à des peurs du subconscient et de ma vie.
ça m’a permis d’aller faire un texte aussi de me voir de la mort à la vie et au plaisir d’Être en Vie.
Donc mille gratitude de tes partages.
xoxo de France
Nathalie
bonjourdo@gmail.com
Coucou Nath,
je suis heureuse de te retrouver ici et d’avoir de tes nouvelles.
Merci pour ton partage et ton chemin. Je te le souhaite dans la douceur et heureux.
A bientôt !
Bertrand Nadine
Bonjour,
Merci pour vos partages Dominique.
Je réalise en vous lisant que c’est exactement ce qui s’est passé pour moi la première fois que je suis allée me ravitailler dans le magasin bio proche de chez moi, au debut du confinement.
besoin de me changer, de me ravitailler,de voir des gens… et une fois dans le magasin avec l’ambiance aseptisée.. de se tenir à l’écart.. de se laver au gel.. j’ai senti un stress monter, je ne savais plus pourquoi j’étais là, ce qu’il me fallait… j’avais hate de sortir…
J étais plutot bien en arrivant finalement, je me suis laissée envahir par le stress.
Ohla… merci, votre recit m’a fait du bien ;
je serai plus à l’écoute désormais pour comprendre ce qui se passe en moi et saurait mieux gérer cela.
Douce soirée,
Nadine
Dominique
Merci beaucoup pour votre partage Nadine,
J’espère que vos prochaines sorties vous seront plus agréables.
Au plaisir et portez-vous bien
Sosobio
Bonjour,
Je suis aide à domicile et mes collègues et moi avons chacune notre manière de réagir… Certaines lavent tout (chaussures, sac, vêtements, cheveux) chaque soir à 70 degrés. Je mise quant à moi sur les gestes barrière ET les vitamines, le sommeil, le calme, les lectures inspirantes…. La psy du travail m’a dit , »chacun composé avec ses propres peurs…, » Ce qui m’a beaucoup parlé. Merci beaucoup pour cet article et ce nouveau site !!!
Dominique
Merci Sophie pour ce partage !
Effectivement, on réagit à notre peur avec ce qu’on porte de confiance en la vie…
Merci d’avoir écrit et au plaisir !